On passe 90% de notre temps d’éveil à ressentir des émotions. Oui, 90%. En temps normal, on ne s’en rend pas forcément compte et on s’en accommode, chacun à notre sauce. Aujourd’hui, ce pourcentage nous saute à la figure sous la forme d’un remue-ménage intérieur qui peut vite tourner au vinaigre si on ne sait pas calmer le jeu.
C'est désormais une lapalissade : nous subissons une situation que nous n’avons pas choisie, et ce quel que soit notre tempérament. Même pour les plus calmes ou les plus optimistes d’entre nous, les contraintes qu’elle comporte ouvrent la porte à un sacré flot d’émotions, dont des « négatives », que nous avons du mal à « gérer ».
Parce que oui, les injonctions (sociétales, culturelles, familiales, personnelles) nous amènent à vouloir les « gérer », soit les maîtriser en les faisant disparaître le plus vite possible, tels des invités embarrassants et honteux qui viendraient gâcher la fête (voir à ce sujet l'excellent TEDx Talk du docteur en psychologie Ilios Kotsou).
Sans en avoir nécessairement conscience, nous sommes devenus des pros en stratégie de fuite et d’évitement, pour ne pas avoir à nous confronter à ces émotions vues comme « inacceptables » et « incorrectes », nommément la colère, la tristesse, la peur et toutes leurs déclinaisons.
D’ordinaire, ces stratégies s’apparentent souvent à : j’accumule les activités, les rendez-vous, les rencontres, je remplis des to do et mon agenda jusqu’à la gueule au boulot et dans ma vie perso, je prévois le moindre détail de ma vie, de mon couple, de ma famille pour les 24 prochains mois et j’en passe…
Ca vous rappelle quelqu’un ?
Il est aisé de comprendre qu’au cœur de notre contexte restrictif, nos stratégies habituelles se retrouvent mises à l’épreuve voire totalement inadéquates, et notre « gestion » habituelle des émotions avec.
Par conséquent, si vous continuez à chercher à contrôler ces émotions qui vous déstabilisent sans avoir les mêmes moyens que dans la vie normale, vous vous assurez de saper votre bien-être psychologique, de malmener votre santé, et de rendre vos relations (personnelles, familiales, professionnelles) insatisfaisantes. Rien que ça !
De bonnes raisons d’essayer de faire autrement pour éviter que vos émotions deviennent des armes de destruction systémiques.
Voici donc des pistes pour mieux les vivre et vous réconcilier avec elles.
1. Comprendre le langage des émotions
On va faire simple ici.
Il existe 6 familles d’émotions principales : la colère, la peur, la tristesse, le dégoût, la joie, la surprise. Avec une kyrielle de déclinaisons en termes d’intensité.
Une émotion en tant que telle est de courte durée, et se manifeste dans notre corps suite à un stimulus extérieur ou intérieur, soit un déclencheur. Ce qui perdure, ce sont les pensées que nous associons à ces émotions, souvent liées à l'élément déclencheur, parfois même le constituant à part entière. Nous en rajoutons donc une couche.
Derrière chaque déclencheur, il y a un besoin non satisfait. Physiologique (la faim par exemple) ou psychologique (la reconnaissance par exemple).
En fait, une émotion est un messager précieux : elle nous parle de ce qui est important pour nous à un moment précis. Elle nous invite à rétablir l’équilibre qui nous fait défaut et à réfléchir à ce que nous pouvons faire pour répondre à notre besoin inassouvi.
Oui, mais comment on sait ce dont on a besoin au fond ?
2. Remonter à la source
Imaginons que l’anxiété vous déborde. Autorisez-la à être présente pour pouvoir écouter ce qu’elle vient vous raconter.
D’abord, nommez votre émotion précisément.
Ensuite, décrivez les sensations physiques que vous ressentez.
Identifiez les pensées qui viennent avec/face à cette émotion.
Voyez quelle réaction vous avez spontanément envie d’avoir, quel comportement elle engendre.
Demandez-vous si l’émotion se voit sur votre visage, et de quelle manière.
Maintenant que vous l’avez accueillie ainsi que l’ensemble des messages qu’elle vous communique, posez-vous la question du déclencheur (qu’est-ce qui concrètement a mis l’émotion sur « on » ?) et du besoin qui se cache derrière (qu’est-ce qui me manque vraiment pour que cette émotion ne me rende pas visite ?)
A partir de là, vous devriez avoir du recul pour envisager des solutions :
Que pouvez-vous faire concrètement pour répondre au mieux à votre besoin en tenant compte de votre environnement et de vos ressources disponibles, là, maintenant ?
A l’avenir, vous est-il possible de réagir différemment face à ce type de déclencheur, surtout s’il est récurrent ? Si oui, qu’allez-vous faire la prochaine fois ? Ou dans un cas similaire ?
3. Reprendre les rênes
En effectuant la check-list précédente, vous avez accès à votre propre boîte à outils, celle que votre expérience et votre intuition auront concoctée ensemble.
Il est toutefois possible que vous soyez trop influencé par votre émotion pour y voir clair.
Votre priorité peut alors être de limiter la place encombrante prise par celle-ci, sans pour autant la chasser. Il ne s’agit pas de lutter, ce qui est contre-productif, mais encore une fois de rétablir un équilibre.
Les actions et attitudes ci-dessous sont faciles à mettre en œuvre et ultra-bénéfiques, libre à vous de les tester !
VERBALISER
Partagez ce qui se passe pour vous à vos proches, vos enfants, votre conjoint.e, vos collègues, votre manager (évidemment, tout dépend de l’enjeu, pas tout le monde à la fois non plus). Mettre des mots soulage, permet de prendre de la distance et diminue le stress.
Ecrire en pilote automatique sans vous préoccuper de votre style est tout aussi efficace. Laissez courir votre stylo pendant 10 à 15 minutes sans réfléchir, sortez tout en vrac et soufflez !
CREER UNE BULLE POSITIVE
Pour contrebalancer les effets des émotions qui grattent, vous pouvez nourrir votre cerveau et votre corps de sensations positives par différents moyens : visualiser un souvenir, un endroit, un moment qui vous fait du bien ; dénicher le ou les détails positifs dans votre situation actuelle et vous attarder dessus ; faire une activité qui vous fait plaisir, n’importe laquelle.
FAIRE CONFIANCE A VOTRE CORPS
Une astuce toute bête : changez le disque de vos émotions en changeant de posture ou d’expression faciale ! Tenez-vous plus droit par exemple ou souriez, ça devrait déjà apporter un mieux-être.
Bien entendu, les techniques de respiration, de cohérence cardiaque et la méditation constituent de formidables moyens de s’apaiser et faire baisser la pression.
Il y a évidemment tant d’autres choses à développer sur nos émotions comme sur les moyens de les apprivoiser…
Retenez simplement qu’elles font partie de nous et qu’elles nous rendent profondément humains. Moins vous lutterez contre elles, plus vous les accueillerez, et plus elles vous seront utiles : pour agir, décider, vous adapter.
Enfin, gardez en tête que vos solutions pour les vivre sont toujours les meilleures, parce qu’elles VOUS correspondent. Faites preuve d’imagination et de pragmatisme !
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